b
Interview avec Jérémy Manière
}

Reading time:

04/03/2020

Nous avons appris de ta démission. N’est-ce pas un peu soudain ? 

Cela a pu paraître surprenant pour le public, mais c’est une décision mûrement réfléchie. Après ma grave blessure au cartilage du genou droit en 2018, je savais qu’une rechute était possible. Celle-ci est survenue à la fin du mois de janvier peu avant le début du championnat contre le FC Aarau. Je pensais à la base qu’il ne s’agissait que d’une blessure anodine, sans gravité, mais le chirurgien a constaté lors de l’arthroscopie qu’elle était liée à celle de 2018. C’est à ce moment-là qu’il m’a recommandé de réfléchir à mettre un terme à ma carrière, afin de ne pas avoir de séquelles dans ma vie future. Un deuxième spécialiste a confirmé le diagnostic initial, raison pour laquelle j’ai décidé d’arrêter après en avoir longuement discuté avec ma famille et mes amis.

Que pense Lausanne Ouchy de cette décision ? 

Ils m’ont pleinement soutenu dans ce choix, avec beaucoup d’empathie. J’en ai beaucoup discuté avec l’entraîneur, Andrea Binotto, avant même d’avoir pris ma décision. Il s’est vraiment intéressé à la situation en me répétant qu’il s’agirait d’une grosse perte sportive pour l’équipe mais qu’il comprenait aussi les risques et conséquences quant au fait de continuer. Finalement, l’ensemble du club a accepté et compris mon choix tout en me témoignant beaucoup d’affection. 

Comment envisages-tu la suite de ton cycle de vie ? 

J’ai l’impression d’avoir de belles perspectives devant moi et suis très motivé à l’idée de rebondir rapidement. A l’heure actuelle, tout est encore ouvert. J’ai eu la possibilité de suivre des hautes études en parallèle de ma carrière de footballeur. Depuis novembre passé, je suis titulaire d’un Master en Management du sport de l’Université de Lausanne. Je peux donc entamer rapidement ma deuxième carrière où je me verrais bien travailler à la direction sportive d’un club ou dans diverses institutions sportives (fédérations, associations, services des sports ou autres…). Le fait de parler suisse-allemand me laisse également envisager la possiblité de travailler dans diverses villes ou régions en Suisse. Garder un pied dans le monde du football à travers des médias comme Teleclub me plairait aussi. A titre familial,

 j’ai hâte de pouvoir passer plus de temps avec ma femme les weekends, de pouvoir également planifier un peu plus facilement notre emploi du temps ou nos vacances. Je peux désormais être un peu plus souple sur mon hygiène de vie, ce qui est appréciable. Je regarde vraiment de façon positive cette nouvelle vie. 

Peux-tu appliquer les compétences que tu as acquises dans le football dans ta nouvelle carrière ? 

Bien sûr ! On apprend beaucoup au cours d’une carrière de footballeur, notamment en ce qui  concerne les compétences sociales. Vivre et cohabiter dans un vestiaire nous inculque le respect de l’autre, la tolérance, les valeurs collectives. La concurrence et la quête de la performance nous familiarise avec la culture du travail et nous oblige à savoir gérer nos émotions, notamment le stress. A mon sens, il s’agit là de compétences nécessaires dans la vie de tous les jours. 

A-t-il toujours été clair pour toi que tu devais poursuivre tes études afin de faire ce que tu voulais après ta carrière de footballeur ? 

J’ai toujours gardé les études dans un coin de ma tête mais c’est surtout ma femme, Andrea, qui m’a encouragé à les reprendre. C’est ainsi que, à 22 ans, j’ai remis les pieds dans des salles de cours avec la conviction que cela pouvait vraiment m’être bénéfique, même pour ma carrière de joueur. Cela m’a en effet donné un équilibre et m’a permis d’entrevoir l’avenir de façon sereine. Je me suis également ouvert sur d’autres sujets en rencontrant des personnes issues d’environnements différents de celui du monde du football. En finalité, cela m’a forgé en tant qu’être humain. 

Le SAFP a-t-il pu te soutenir dans cette démarche, ou au moins susciter ton intérêt pour la préparation d’une carrière après la carrière de foot? 

Lorsque j’ai entendu parler des démarches de promotion au sujet de formations continues faites par le SAFP, j’étais déjà en plein cursus universitaire mais j’ai malgré tout trouvé cela  très intéressant. Je me rappelle que cela avait suscité l’intérêt de plusieurs joueurs de mon équipe à l’époque. 

Quels conseils donnes-tu à tous tes collègues footballeurs sur les études à faire pendant leur carrière de footballeur ? 

J’estime qu’énormément de formations sont conciliables avec le football professionnel, ou du moins jusqu’à un certain niveau. Je me rappelle que lors de l’obtention de mon Bachelor, je jouais en Super League et cela ne constituait pas un frein à ma progression sportive, au contraire! Par le passé, j’ai régulièrement sensibilisé mes jeunes coéquipiers à cette problématique en leur expliquant les difficultés et risques liés à une carrière professionnelle tout en vantant les bienfaits des études.

Translate »